Le danger des certifications est de les appliquer à la lettre et ainsi rigidifier un système au lieu de s’en inspirer pour adapter au mieux ces bonnes pratiques au contexte. La communication en est un parfait exemple et est la pierre angulaire de toutes les certifications.
Il y a quelques temps à l’occasion d’un rendez-vous de prospection mon interlocuteur me demande : « Est-ce que vos chefs de projet sont certifiés Green Belt »…
Petit moment de solitude pour l’expert en gestion de projets IT que je suis. J’hésite entre une boutade de la part de mon interlocuteur sur le nom d’un super héros ou l’apparition d’une énième création marketing tel que le monde de l’informatique en a le secret. Vérification effectuée, il s’agit bien d’une certification et plus précisément du premier grade (oui comme au Karaté) du Lean Management !
Mon cursus ne m’a pas orienté naturellement vers les certifications, je suis juriste de formation et j’ai appris l’informatique et la gestion de projet sur le terrain. J’ai ainsi dû me raccrocher à mes propres normes et alors que je me suis fait une spécialité du recadrage de projets en situation de dérive, j’ai pu constater qu’elles fonctionnaient à tous les coups. Ces normes sont le bon sens et le parlé vrai !
Entendons-nous bien, je ne dis pas ici que la théorie, la technique et les basiques ne sont pas nécessaires. En revanche, j’affirme qu’ils sont très insuffisants pour sur-performer pour la réalisation d’un projet. Je vous entends déjà penser que ce que j’écris est une vérité de La Palice, pourtant après plus de 17 années d’expérience je constate toujours les mêmes insuffisances, les mêmes erreurs et des « chefs de projet » Itil, Lean Six Sigma, PMA placés en volume au détriment de la qualité que nous vénérons en revanche dans nos petites boutiques.
Les certifications ne suffisent donc plus et alors que le besoin ne s’est jamais fait autant sentir d’articuler l’action de la DSI avec les métiers, le sens de la communication devient primordial.
La communication est une compétence complexe car protéiforme en ce sens qu’elle implique de comprendre que les mots ont un sens, qu’écouter et plus important que parler et que ce qui est important ce n’est pas l’émission du message, mais comment ce dernier est compris.
J’ajouterai une autre composante de la communication qui fait pour moi toute la différence entre deux chefs de projet, la capacité de reformulation. Un message tel qu’il est émis pour la première fois et tel qu’il sera compris par l’interlocuteur n’est jamais exactement ce que l’un a voulu dire et l’autre comprendre (vous avez compris ?!). Chacun le pense, mais je vous invite à faire l’exercice de reformuler les propos de 2 interlocuteurs en demandant à chacun si c’est bien ce qu’ils avaient compris…vous serez surpris une fois sur deux !
Alors, plus qu’une certification nous prônons la nécessité d’apprendre à communiquer car les causes de dérives et d’échecs des projets, résident dans un défaut de communication telle que définie ci-avant. Ainsi de grâce, complétez la certification de vos chefs de projet par un apprentissage des basiques de la communication verbale et pourquoi pas non verbale.
Quant au « parlé vrai » c’est aussi une question de courage politique dans l’entreprise, mais enfin si cela est un problème vous trouverez sans doute toujours un consultant externe qui vous aidera à passer les bons messages…